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Brève histoire de l’école

par Frédérique Da Silva

Une brève histoire de l’école

 

L’école sous l’ancien régime

Il s’agit d’instruire une élite sociale pour favoriser sa propre reproduction et dispenser la parole de Dieu.

Il est d’ailleurs d’autant plus important de répandre cette parole de Dieu que le pouvoir royal est de droit divin. L’objectif est donc de consolider ce pouvoir.

 

L’enseignement de base est avant tout assuré par des religieux catholiques et le rôle des Jésuites dans l’enseignement secondaire est important.

A la veille de la Révolution si la noblesse et une partie de la bourgeoisie dont le métier l’exige (notaires, médecins, agents des administrations,…) sont au-dessus du niveau élémentaire, l’ignorance totale reste la règle dans les milieux populaires.

 

En résumé :

  • une école rare
  • une école à but religieux
  • un analphabétisme répandu

 

La Révolution

Elle a plus détruit que construit mais dans ce chaos une pensée a indéniablement émergé, celle de Condorcet (1743-1794), le "dernier des philosophes".

Ses idées fortes exprimées dans le "Premier mémoire sur l’instruction publique" sont :

. L’instruction publique est un devoir de la société à l’égard de ses citoyens. On peut en effet toujours décider que les hommes ont les mêmes droits, ils ne peuvent en jouir que s’il n’y a pas de dépendance entre les individus en raison d’un grand écart d’instruction.

. L’instruction permet également de diffuser de meilleurs "sentiments moraux", de former les professions, de les rendre plus performantes en diffusant le progrès, de repérer les meilleurs talents, de les guider vers les plus hautes déstinées, de préparer les jeunes générations à intégrer la culture qui les précède, de s’adapter aux mutations de la société,…

A partir de cela Condorcet recommande un système basé sur 3 niveaux :

· 1 instruction générale pour tous

· 1 instruction générale pour les professions

· 1 instruction générale pour les sciences

 

L’avènement de Napoléon Bonaparte annonce le retour d’un certain conservatisme. Le nouvel empereur ne garde en effet des projets de la Révolution que ce qui consolide son pouvoir. Je cite :

" Je me crois obligé d’organiser l’éducation de la génération nouvelle de manière à pouvoir surveiller ses opinions politiques et morales ".

Avec la pacification des relations avec l’Eglise catholique (Concordat) c’est le retour d’un enseignement par le clergé. Il crée par ailleurs les lycées et l’Université Impériale de manière à former l’élite administrative dont il a besoin.

 

C’est un ministre protestant, François Guizot, qui met en place en 1833 le premier réel réseau public d’écoles communales par une loi qui stipule que chaque commune de plus de 500 habitants doit avoir une école et que chaque département doit créer une école normale (écoles qui, bien sûr ne concernent que les garçons). Un enseignement primaire supérieur est également créé pour offrir des possibilités de poursuite d’étude aux meilleurs élèves. (cette même année sont créés "les inspecteurs primaires"…)

Il faudra attendre les années 1880 pour obtenir un réel maillage territorial des écoles, réseau qui va être soudain affermi par les lois Ferry successives (avec Paul Bert et Camille Sée).

→ écoles normales de filles et écoles pour les filles en 1879

→ gratuité de l’école en 1881

→ obligation scolaire en 1882 et laïcité de l’enseignement

Ne nous leurrons pas il y a derrière tout cela un projet politique fort. Ferry a dit " J’ai promis la neutralité religieuse, jamais politique ". La république est en effet fragile. La religion sur laquelle s’appuie la Royauté depuis des siècles doit être repoussée hors de la sphère publique. (lutte contre le cléricalisme synonyme d’obscurantisme et de frein au progrès).

 

Au début du XXe siècle sont réunies les conditions pour scolariser massivement les enfants mais 2 réseaux quasi étanches perdurent :

→ d’un côté le secondaire fréquenté par les enfants des milieux favorisés. (Lycée : 6e → terminale avec le "petit lycée" pour les classes élémentaires).

→ d’un autre côté une école primaire élémentaire fréquentée par les enfants des milieux populaires et dont la réussite suprême est le certificat d’études (obtenu par un maximum, de 50 % des élèves), garantie de faire partie de l’élite sociale des couches populaires.

 

Avant la seconde guerre mondiale, mais surtout après (le CNR qui prône la méritocratie, le plan Langevin-Wallon), le système est au bord de l’implosion par ses tensions internes. De très nombreuses réformes sont menées pour offrir des perspectives aux enfants des classes populaires et obtenir une augmentation des niveaux de qualification. (Berthoin, scolarité obligatoire à 16 ans, introduction de l’orientation, installation de filières, création des CEG puis des CES puis surtout un pas décisif en 1975 avec la loi Haby et pour l’instauration du collège unique).

La massification est réussie :

400 000 élèves en 1960 dans le 2e cycle long

1 200 000 élèves en 1985 dans le 2e cycle long.

En 20 ans le pourcentage de bacheliers a doublé mais les inégalités sociales perdurent (exemple : inégalités face au redoublement, inégalités dans les choix de filères,…)

 

Dans les années 1980 un tournant est pris. La France ne sortira de la crise que par le haut mais pour produire des biens à forte valeur ajoutée il faut des qualifications plus élevées ce qui a entrainé des objectifs collectifs (80% d’une classe d’âge au niveau du bac ) ou individuels (l’enfant au centre du système en 1989).

 

La tendance à l’individualisation s’accentue ainsi depuis 10-15ans.

PAI → projet accueil individualisé

PPS → projet personnalisé de scolarisation et toute la loi sur handicap 2005

PPRE → projet personnalisé de réussite éducative

AP → aide personnalisée

 

Le regard de l’école a changé parce que les attentes des familles ont aussi changé. Dans un contexte de chômage persistant des exigences supplémentaires apparaissent. Chaque élève doit pouvoir réussir. D’un enseignement pour tous on doit passer à un enseignement pour chacun.

 

 

Avec un premier point d’inflexion en 2005 et le basculement d’une école "Institution" vers une école "service", les évolutions de la rentrée 2008, qu’il s’agisse des stages de remise à niveau, de l’attention obligatoire portée à chacun et à la validation de ses acquis au regard du socle commun, et de l’aide personnalisée, s’inscrivent dans cette logique.